Dans la forêt de Slowhispers tout est normal. On entend que les oiseaux chanter et les animaux se déplacer chacun à leur rythme. Rien à l'horizon, aucun autre bruit. Quand soudain une branche craque, des feuilles virevoltent. Un écureuil surpris retourne dans son arbre et deux lapins se cachent dans leur terrier. Plus aucun animal ne bouge, c'était comme si la forêt entière s'était passé le mot. Une autre banche, puis une autre. Une respiration qui commence à se faire saccadée et un jupon qui se coince et se déchire. Les animaux sont effrayés, ils ne savent pas qui est dans leur forêt. Ami, ennemi, ils préfèrent rester cachés jusqu'à ce que les pas d'une rapidité effarante se dissipent plus loin. Et pourtant, ils ne devraient pas avoir peur, l'ombre qui court à une vitesse très difficile à atteindre pour les humains, n'est rien d'autre qu'une jeune elfe de huit ans. Une petite brunette qui avait décidé d'aller voir si elle avait progressé en course plutôt qu'aller brosser les pégases avec son enseignante. Il faut dire que la jeune Nyrëe préférait courir dans la forêt et se salir dans la terre plutôt que passer son temps assise tranquillement à apprendre à jouer de la harpe par exemple. Oui, elle aimait beaucoup les activités artistiques et ne refusait jamais les cueillettes de fraises. Mais malgré son jeune âge, elle avait déjà ce besoin de changement, de démarcation, comparé aux autres de sa race. Ce n'était pas une de ces petites filles qui gloussaient à la vue d'un poney qui buvait de l'eau. Certes, elle s'émerveillait de beaucoup de choses. Certaines parfois étranges et ridicules pour les autres Elfes. Où est la beauté dans une chenille ? Hé bien, elle réside à l'intérieur. Il faut simplement lui laisser le temps de la montrer en se transformant en papillon. Ça prend du temps, mais cela en vaut la peine. C'est un exemple qu'elle utilise même après autant d'années.

La jeune Elfe s'arrête contre un arbre, inspirant et expirant doucement pour ne pas avoir mal à la poitrine. Elle prend sa gourde pour boire et constate avec effroi que celle-ci est déjà vide. « Non non non, mon eau où es-tu ? » Elle secoue sa gourde de tous les côtés, espérant qu'ainsi de l'eau apparaisse par magie qui sait. Elle regrette déjà d'avoir tout bu si vite alors qu'elle n'est qu'à quelques kilomètres de chez elle seulement. C'est qu'elle ne pouvait s'empêcher de boire, tout le temps. Elle ne pouvait pas rester sans son eau trop longtemps ou elle risquait de piquer une crise de nerfs et d'angoisser et c'est vraiment à déconseiller pour l'entourage. « Eaaaaaau ! Où es-tuuuuu.. OH PETIT LAPIN ! N'aie pas peur petit lapin. Dis, tu veux bien me conduire à la rivière la plus proche hein ? Parce que sinon je risque de m'énerver et te poursuivre parce que je suis sûre que c'est toi qui voles ma réserve privée de légumes et je t'aurais un jour ! » Et voilà que la pauvre bestiole s'en va rapidement, effrayée par les cris de Nyrëe qui malgré tout s'en veut terriblement de l'avoir fait fuir. Elle décide de prendre sur elle et fouille dans sa petite sacoche pour prendre sa toute dernière feuille de sa salade qu'elle mâchouille lentement cherchant une quelconque source d'eau pas trop loin. Ce serait bête de se déshydrater.


Assisse sur le sol de sa maison, un feu crépitant dans la cheminée et de petits gâteaux près d'elle. Nyrëe dirait que c'est un de ces instants qui semblent si normaux et pourtant bien magiques. Elle attrapa un gâteau qu'elle mangea rapidement essuyant ses mains sur son tablier. Sa mère était sur un fauteuil, bien tranquille à lire un très vieux livre. Elle l'abaissa le temps de voir sa fille broder avec son cadre en bois rond. Nyrëe devait appendre à broder des motifs tous plus compliqués les uns que les autres et très réclamés par les nobles du continent. Ils ne pouvaient se permettre de la laisser utiliser directement la pièce terminée. Si elle se ratait, il aurait fallu tout recommencer et le temps leur manquait de plus en plus. Chaque jour de nouvelles commandes arrivaient, ils se retrouvaient parfois tellement débordés qu'ils ne dormaient plus durant plusieurs jours pour pouvoir tout terminer. Certes, plus d'un aurait privilégié les commandes hautes placées à celles des "simples" villageois. Mais pas les Vaels, eux ne faisaient pas cette distinction-là. Pour cette famille de commerçants, chaque commande était importante. Tout comme les races, ils ne faisaient pas de différences ou si peu et seulement pour ceux qui les ont vraiment blessés par le passé ou même le présent. « Peut-être qu'un fil et un bouton régleront l'affaire.. » La mère ferme son livre qu'elle pose sur la table en regardant sa fille continuer à broder ses motifs. Une fois déjà, elle avait proposé de faire des caches oreilles fait sur-mesure pour les Elfes en suivant une idée humaine. Une autre fois de coudre des poches discrètes dans les robes, pratique si on veut transporter de petites choses au lieu de toujours prendre un sac avec soit. Pourquoi ça ne pourrait être que les hommes à avoir des avantages comme ceux-là. « Ton cerveau fuse Nyrëe, bientôt, tu expulseras de la fumée par les oreilles. Va écrire tes idées sur la liste pour mieux te concentrer après au lieu de murmurer comme ça. » Nyrëe se relève rapidement volant une feuille de salade sur une autre assiette et prenant sa tasse d'eau s'empressant de s'installer derrière le bureau pour noter. Elle avait vingt-quatre ans, c'était encore une jeune Elfe, très jeune, encore considérée comme une enfant quand on voit l'espérance de vie de cette race. Pourtant, elle savait déjà faire preuve de beaucoup de sagesse quand elle voulait. Mais son point fort était sans conteste sa soif de connaissances qui amenait à sa grande imagination qui ne cessait de croître.

Le père pose le carnet sur le bureau et se frotte les yeux. On peut voir la fatigue accumulée depuis de nombreuses années maintenant. Des cernes se faisaient de plus en plus visibles sous ses yeux, c'est une chose intolérable pour esthétique chez les Elfes. Ça montrait vraiment à quel point il arrivait à se dévouer pour son travail. Nyrëe s'empara d'une aiguille sur la table, elle savait bien ce que signifiait cette attitude chez son père. « Ce n'est pas grave, nous en avons d'autres après tout. » Elle arrangeait une manche d'un costume déchiré après ce qui semblait une altercation. Si même les gens avec de l'argent en venaient aux mains.. Le monde commençait à tourner moins rond que d'habitude. Déjà qu'à la base il tournait bizarrement, pas besoin d'une couche en plus. « Nyrëe.. » C'est un soupir à peine audible pour un humain, très net pour les oreilles d'un elfe. Elle ne prend même pas la peine de se retourner, absorbée par son travail à terminer rapidement pour passer au prochain. « Oui qu'y a-t-il ? » Il s'approche de sa fille unique, la seule qu'il a eue et la seule qu'il aura. Il s'était marié avec sa mère malgré leur peur à tous de l'union et de la perte. De ce mariage, il n'y a que Nyrëe qui naquit et elle ne sut jamais pourquoi ils ne lui ont pas donné un frère ou une sœur. « Tu fais du bon travail. » Il lui enleva la feuille de salade dans son chignon avant de quitter la pièce. Elle regarda la porte se fermer. C'était bien la première fois qu'il la complimentait. Non, son père n'était pas un ogre, mais ce travail se passait depuis des générations chez les Vaels et il y mettait toute son âme. Il voulait que Nyrëe en hérite, qu'elle sache comment réagir en toute situation. Alors, il la poussait à réussir. Avoir de la reconnaissance fait du bien.


Cinq pas en avant, deux à droite et encore un en-avant. La mine du crayon griffonnait rapidement sur le bout de papier. Deux pas en arrière et un à droite encore. Le crayon écrit encore frénétiquement. « D'accord, deux kilomètres de distance c'est bien ici.. » Elle range son papier et son crayon dans une de ses poches et tâtonne délicatement le sol. Elle trouve l'amas de feuilles recouvrant le piège et la corde reliée à ce dernier. Elle vérifie la solidité de celle-ci avec un petit sourire. Aujourd'hui, elle avait pris la journée pour retourner vérifier les divers et variés pièges qu'elle avait installé dans la forêt. Non ils n'étaient pas pour les animaux, loin de là. Seulement pour effrayer un peu les petits curieux qui s'aventuraient trop loin dans leur terre. Et puis cela ajoutait une protection en plus envers les Thirsis. Les elfes et les Thirsis c'est une grande histoire qui les lient. La race de Nyrëe ayant été les seuls à les avoir directement aidés après leur chasse par les sorciers. C'est la raison pour laquelle les sorciers et les elfes ne s'entendent plus. Nyrëe suit cette cadence, elle préfère les éviter si elle les croise pour ne pas rentrer dans un conflit futile, dénué d'utilité. « Celui-là est en place, Cillian piège numéro onze en parfaite position ! » Elle se relève, nettoie sa robe et regarde son ami Thirsis marcher vers elle checkant sur sa liste les pièges qui n'ont pas besoin d'une amélioration quelconque. « Et en quoi il consiste lui ? » Nyrëe souris à son vieil ami, elle le connaissait depuis.. Qu'il était enfant. Elle l'avait vu grandir, elle était à ses côtés pour lui conter mille et une légende sur Caphes, les elfes et les thirsis. Ils partageaient une sincère amitié, un très grand attachement. Pas romantique, elle trouve cela un peu étrange. Et puis elle a une vie beaucoup plus longue que la sienne, rien que là Nyrëe avait neuf cent dix-huit ans et lui.. Était énormément plus jeune. Elle continuerait à vivre longtemps alors que lui allait finir par partir plus vite qu'elle. C'est une chose qu'elle ne pourrait pas supporter. « C'est un secret, ne crois pas que je vais te le dire comme ça. Il faudra me payer ce renseignement. » Commerçante jusqu'à la fin la elfette. Mais elle est plutôt fière de ce petit piège fait pour simplement effrayer un trop grand curieux. Elle ne veut pas les blesser, ce n'est pas son intention de faire du mal. Ce n'est surtout pas son genre. Bon une fois elle a giflé un homme, un humain dans un village où elle était seulement de passage. Il avait trop bu, en temps normal il ne l'aurait sans doute pas fait, mais ses avances très vulgaires n'avaient pas du tout plu à Nyrëe. Et quand on touche à sa fierté ou son honneur, elle a tendance à partir au quart de tour. « Très bien, que dirais-tu de baies sauvages ? » Elle le regarde d'un mauvais œil, il pense qu'elle lui fera un gâteau pour ses beaux yeux ? « Iris, si tu me trouves un iris à recopier pour un modèle alors là peut-être que je le dirais. » Elle reprend sa feuille et son crayon pour continuer sa partie de la carte qu'elle donnera ensuite aux autres Elfes patrouillant pour en avoir une complète. Carte qu'ils donneront ensuite à leur race et aux Thirsis. Il ne faudrait pas qu'ils se prennent un piège sans le savoir. « Et je suis censé en trouver où ? » Dix pas en avant, trois à gauche et un en arrière. « Débrouille-toi ! » Et elle continue à écrire.


La dernière robe était dans le sac, le dernier livre également. Elle n'avait pas pris énormément de choses, elle ne pensait pas rester indéfiniment là-bas et de toute façon, ses parents pourraient toujours lui envoyer certaines choses en colis. Une Elfe s'occupait des livraisons avec son pégase, ils pourraient la contacter pour que les paquets arrivent en bon état sans s'inquiéter. « On pourrait trouver un autre moyen, tu n'es pas obligée de partir. » La mère trifouillait son tablier nerveusement regardant sa fille fermer son sac et le placer difficilement avec toutes les autres affaires dans le chariot. Des boîtes pleines de matériel de coutures et de nombreux tissus par exemple. Pas vraiment de choses personnelles, elle n'en avait pas autant besoin. « Pour le moment je ne vois que ça à faire.. » Nyrëe avait décidé de partir pour la Capitale ouvrir une seconde boutique, une annexe. Elle voulait être plus proche des clients et avoir également des relations leur permettant une certaine protection. Beaucoup de crimes étaient perpétrés contre les couturiers ces temps-ci, ça devenait de plus en plus dangereux d'exercer ce métier, et c'était complètement ridicule d'en arriver à ces extrémités. « Cillian vient avec moi, je ne serais pas toute seule dans cette aventure. » La brunette voulait réconforter sa mère qui s'inquiétait beaucoup trop pour elle. Nyrëe la comprenait, elle n'avait pas d'enfants, mais elle s'imaginait très bien comment pouvait se sentir sa mère de la voir partir. Nyrëe ou l'Elfe qui n'avait jamais eu de véritables relations amoureuses. Et puis chez les elfes l'amour est quelque chose de sacré et de fort, ils ne sont pas du tout du genre à avoir des relations d'une nuit par exemple. « Cillian, tu veilleras sur elle. » En effet, il était en quelque sorte l'assistant de Nyree. Il était là pour l'aider avec ses commandes ou pour lui trouver un quelconque matériel. Et maintenant, il partait l'aider avec l'annexe de la boutique à la Capitale même. « Promis. » Ils se serrent la main avant que le jeune homme ne monte sur son cheval. Pas de train, ils préféraient le cheval de loin. Bien sûr, ils savaient les dangers qu'ils encourraient, mais ils comptaient les éviter au maximum. « J'enverrais une lettre pour vous dire que tout va bien, ne vous en faites pas pour moi et continuez avec la boutique. On arrivera à régler tous nos problèmes, vous verrez. » Elle monte à son tour sur son cheval. Elle aurait aimé parler avec Ena une dernière fois, mais son amie Thirsis était comme.. Occupée ces temps-ci. Nyrëe était allée chez elle ce matin, déposer un vieux livre qu'elle ne lui avait jamais montré. Et elle en avait profité pour lui glisser une lettre à l'intérieur. Elle espérait seulement qu'elles ne perdraient pas le contact et que tout allait bien pour Einys. Ça lui faisait du mal de la laisser comme ça, elle aurait sincèrement aimé qu'elle vienne également. Mais deux Thirsis dans la Capitale.. Ça fait beaucoup trop. « Nyrëe, dans le sac de vivres j'ai placé de la salade toute fraiche spécialement pour toi.. Et ne t'approches pas trop des rivières s'il te plaît hein. » Nyrëe soupire, dans une heure sa gourde sera déjà vide, il lui faudra la remplir rapidement près d'un point d'eau. « D'accord, je vais essayer de m'en éloigner le plus possible. » Avec un dernier regard pour les parents de Nyrëe et la forêt où ils avaient toujours vécu, les deux amis s'en allèrent lentement vers la Capitale. Nyrëe n'arrivant pas à retenir sa petite larme, neuf cent vingt-cinq ans sans jamais avoir réellement quitté ses parents trop longtemps. Ça fait quelque chose au cœur, un pincement. Mais c'était une aventure qui l'attendait, n'était-ce donc pas ce qu'elle voulait depuis si longtemps ?

Un cri qui résonnait dans la nuit froide, un cri que personne ne pouvait écouter. Le cri d'une âme perdue qui demande de l'aide. Ils pourraient l'écouter, pourquoi ne l'écoutent-ils pas ? Le problème n'est pas là, le problème c'est qu'ils ne l'entendent pas tout simplement. Un cri que pousse le subconscient d'une personne dans sa propre tête. Un cri pour la réveiller, qu'elle ouvre les yeux pour s'échapper de là. Qu'elle ouvre les yeux. Où suis-je ?! Noir, le ciel était noir sans aucune étoile. Où étaient les étoiles ? Où étaient ses parents ? Où était-elle ? Avec une grande difficulté elle parvient à se redresser et s'asseoir sur les feuilles humides qui la recouvrait. Son dos lui fait mal, sa tête aussi. Elle est couverte de boue, de feuilles et d'eau. Son jupon est déchiré, la paume de ses mains en sang. « Où.. Où suis-je ? » Elle ne sait pas pourquoi elle est étendue là sur le sol. Son esprit est embrouillé, il n'arrive pas à réfléchir correctement. Elle se souvenait avoir pris par un raccourci, Cillian lui avait dit qu'il était sans danger. Ils s'étaient aventurés hors de la route principale et des gens étaient arrivés et et... « CILLIAN ! » Un hurlement tout droit sortis du cœur, un cœur en morceaux qui pesait horriblement lourd dans sa poitrine. Si lourd qu'elle s'était effondrée en pleurs. Retenir ses larmes était affreusement difficile, retenir les hurlements également. Elle n'en avait pas la force, pour la première fois, elle n'en pouvait plus. « Là-bas ! » Elle tourne la tête rapidement pour les voir arriver. Eux, ils avaient détruit son chariot et pris Cillian avec eux. Eux, ces rebelles qui venaient pour elle. Nyrëe se relève ignorant la douleur qui lui tiraille le dos et les jambes pour se mettre à courir aussi vite qu'elle le pouvait encore. Peu importe où tant qu'elle était le plus loin possible. Elle savait qu'elle qu'elle abandonnait tout le matériel que ses parents lui avaient confié. Elle abandonnait tout, et même Cillian. Il était en vie, ils ne pouvaient pas l'avoir tué ce n'était pas possible. Courant et sautant avec de l'agilité elfique, elle arrivait peu à peu à les semer. Mais elle les retrouvera, elle retrouvera son ami.


Fumée, vapeur et bruit de machines à la Capitale. Elle ne s'y habituait pas. Voilà quelques mois que Nyrëe était finalement arrivée à la Capitale. Sur la route malgré ses habits déchirés et sales, elle avait fini par trouver une famille qui avait bien voulu l'y emmener avec eux. Cet endroit était.. Pas du tout comment elle l'avait imaginé. Il y avait beaucoup plus d'engins, beaucoup plus d'avancées qu'elle ne croyait. Voir ce paysage et le comparer avec celui de chez elle.. Sa maison était ce qu'elle aimait le plus. Cependant, étant une très grande curieuse de nature toutes ces avancées dont faisait preuve la Capitale avaient un côté extrêmement fascinant. Elle s'y intéressait de près, enfin du plus près qu'elle pouvait, mais ne pouvait pas s'y habituer malgré tout. « Ma petite Nyrëe, ça me fait de la peine de te laisser toute seule ici. » Le vieil homme la regardait d'un œil bienveillant pendant qu'elle nettoyait les cadres avec un vieux chiffon. « Oh, ne vous inquiétez pas pour moi. Je terminerais en un rien de temps. » Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour se faire engager dans une horlogerie tenue par un vieil homme. Elle vagabondait dans les rues, cherchant celui qui pourrait l'aider. Avec son apparence débraillée, il était normal que personne ne veuille d'elle. Mais l'horloger lui avait tout de suite ouvert sa porte pour l'aider quand elle lui raconta ce qui lui était arrivé et d'où elle venait. Aider une Elfe ne peut être que bénéfique, et puis après tous les humains et la race de Nyrëe s'entendent réellement bien. Bon pas tous, c'est clair, mais un homme âgé n'est que plus sage que les jeunes. Ce petit travail lui permettait d'avoir un toit et de toucher un peu d'argent en plus. Elle s'en servira pour rentrer chez elle et rembourser ses parents. « Tu es sûre ? Tu ne veux pas sortir un peu pour profiter de la Capitale maintenant que tu peux ? » Bien qu'elle ne travaille pour lui depuis peu seulement, il s'était déjà pris d'affection pour l'Elfe. Une affection paternelle voire celle qu'aurait un grand-père pour sa petite fille. Tout ça même si la brunette est bien plus âgée que lui. Après tout, elle était drôle Nyrëe quand elle se mettait à défendre les opinions des salades. Qu'elle faisait une gaffe et disait qu'elle était désolée en prenant naturellement un air de petite fille. « Ça ira très bien pour moi, aller sortez avant que le chat de la voisine ne vienne vous espionner. » Il prend un air faussement offusqué et surpris en pointant sa canne vers la porte. « Je ferais mieux de filer donc, avant que cet animal démoniaque ne me dévore une oreille ! » La clochette de l'entrée tinte deux fois et Nyrëe termine avec ce cadran-là. Elle le range à sa place et pose le chiffon sur le bureau regardant bien qu'il était bien parti avant de se rendre dans l'arrière-boutique. Elle prend la carafe d'eau et se sert un verre avant de prendre une boîte cachée derrière une étagère. Elle sort des tissus découpés qu'elle superpose avant de les attacher avec des pinces, puis elle prend son aiguille et commence à coudre tranquillement. C'est son métier depuis tellement longtemps, que ne pas coudre au moins une fois à la journée la rendait un peu nerveuse. Avec le temps ça passera sûrement.

Avec son châle autour des épaules Nyrëe marchait dans les rues de la Capitale. Tranquillement, elle saluait et s'arrêtait pour discuter avec certains vendeurs dans les boutiques. Elle était sorti pour acheter quelques boutons et des tissus rouges en plus. Elle avait eu une soudaine envie de se confectionner une nouvelle robe par elle-même, une robe qui répondait à tout ce qu'elle voulait. L'acheter aurait été plus simple, mais la facilité ce n'est pas ce qu'elle préfère. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? Alors, la voilà dans les rues avec son panier. Trop occupée à lire sa liste, elle tourna inconsciemment à la gauche d'une rue et s'arrêta brusquement. Elle se colla contre un mur et continua d'avancer de cette façon. Ses oreilles d'Elfes lui avaient peut-être jouées un mauvais tour, elles ne pouvaient pas avoir entendue cela. Elle s'arrêta pour s'accroupir et avança sa tête en avant pour regarder dans la ruelle les hommes qui parlaient tranquillement. À en juger par leur vêtement, ils devaient être assez fortunés. Rien de très intéressant qui ne la concernait au premier abord, sauf que.. « Cillian.. » Son murmure s'était échappé un peu fort. Un peu trop fort. Si bien que sans le penser, elle s'engouffra à toute allure dans une autre ruelle, ne sachant pas où elle allait, elle courait encore et encore. C'est drôle, la dernière fois qu'elle avait courue autant, c'était pour sauver sa peau des rebelles qui avaient pris Cillian avec eux. Maintenant voilà qu'elle le fuyait lui. Elle ne cessa sa course qu'une fois de retour à l'horlogerie. Elle balança presque son panier de la rage qu'elle avait en elle. Mais non, elle devait rester calme, calme même si à l'intérieur, elle bouillonnait. I n'y avait qu'une seule personne parmi les Thirsis à qui elle faisait suffisamment confiance pour tout lui dire. Prenant une feuille et un crayon, elle se mit à écrire rapidement ce qu'elle venait de voir, ce qu'elle ressentait.
Une fois écrite, elle plia la lettre plusieurs fois à cause de sa nervosité et écrivit le nom du destinataire dessus. Einys Holborn, la seule personne en dehors de sa famille à qui elle confierait absolument tout sans y penser deux fois. L'Elfe espérait seulement que la Thirsis lirait cette lettre et lui répondrait. Elle avait besoin d'avoir ne serait-ce que son soutien. Elle en avait besoin après cette trahison. Après cette aiguille plantée dans le dos.