believe in my faith, not in my beard (andreas & helnir)

andreas & helnir

- believe in my faith, not in my beard -

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C'était la troisième fois que ce type passait, le jugeant d'un regard tout aussi méfiant que celui qu'Helnir renvoyait depuis son perchoir, une rembarde d'escalier en pierre, froid et trônant avec majestueuosité dans cette allée perdue du musée silencieux dans lequel ils devaient être probablement les deux seuls visiteurs. L'homme, un elfe à en croire sa beauté et l'élégance de ses pas, se dirigea soudainement vers le sorcier, et même dans la pose d'un cou étiré pour l'apercevoir, Helnir avait l'impression que l'Elfe le surplombait. Il détestait réellement ces gars-là. « Vous attendez quelqu'un ? » « Avisos. On avait rendez-vous à midi. Il est midi quart, je vous avoue que je commence à m'inquiéter. » « Sorcier ? » Helnir serra les dents et se contenta de lui lancer un regard noir à défaut des copieuses insultes qui ne lui venaient pas aussi rapidement qu'il le désirait, la fatigue l'emportant sur sa répartie, pour foutu Obstiné qui l'avait réveillé trois heures plus tôt ce matin. Ainsi, c'était tout ce qu'on voyait en lui ? Un simple Sorcier ? Un énième manipulateur de la baguette et obligatoirement accroc à la même folie que ses semblables ? Il ne pouvait nier en être attristé. La gloire il ne courait pas après. Dans son quotidien, dans son entourage, il était connu pour beaucoup de choses mais rarement en premier lieu pour n'être qu'un représentant de la race la plus prétentieuse du continent. Du moins c'est ce que lui pensait, les Sorciers étaient d'imbuvables pathétiques prétentieux. Et ça, ce sera le titre de son prochain article pour le Caphesian Daily Cry. « Il a du retard. » Helnir refusa de tourner la tête vers l'homme qui grimpait désormais les escaliers avec lenteur pour s'approcher de lui, il s'agissait de ne pas lui donner d'importance. De loin il pouvait déjà sentir le lilas se mêler aux odeurs d'un lin parfumé à la rose, lui offrant une vision ravissante de ce qui devait être l'environnement quotidien de l'homme, un paysage d'Elfe, un tableau de nature et ces effluves de liberté. Il en grimaça d'une fine tristesse. « Qui donc ? demanda Helnir qui se redressa quand l'inconnu parvint à sa hauteur, Avisos ? » Un rire. Un rire d'ennui et d'impatience. Helnir n'était pas d'humeur à laisser ces charmes l'atteindre, ce n'était pas le jour, trop de choses étaient en jeu. « Si vous l'avez vu dans le coin je suis toute ouïe — par contre, vous pouvez évitez de vous coller à mon oreille comme ça ? — » « Celui que vous attendez. Le prince. » Le nom fut susurrer dans un souffle qui agressa l'échine d'Helnir, goûtant au déraillement de ses sens pour la quatrième fois aujourd'hui. Il haussa les sourcils, cet instant était à la fois étrange et ridicule mais une autre chose avait pris le dessus sur lui au moment même où le nom d'Andreas Lawson fut prononcé. Il passa en mode combat, en mode espion, un espion certes bien incompétent mais à qui on ne pouvait pas reprocher un manque de conviction. Helnir adressa un regard entendu à l'homme, vraisemblablement c'était lui Valÿes, l'Elfe qu'un de ses amis avait contacté pour cette journée, cette mission top secrète comme le Sorcier aimait l'appeler. Un secret si bien gardé que l'homme qui s'éloignait déjà après avoir délivré l'information devait être la seule personne au courant de la venue de cet invité de marque et son identité, mais n'empêchait en rien qu'une demi-douzaine d'autres compagnons quadrillaient actuellement le périmètre autour d'eux, prêts à agir en cas de problème. Quel problème, ça, Helnir disait qu'on le découvrirait bien au moment même. Il fallait juste être prêts. Parce que c'était trop important.

L'homme devait être partit depuis seulement trois minutes mais Helnir avait déjà changé quatre fois de place et de posture, cherchant à paraître détaché et très professionnel depuis le couloir qu'il arpentait désormais en faisant mine de s'intéresser aux sculptures d'elfes de maison en costumes de cheminots. Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un prince, surtout un de cette trempé, alors il voulait faire bonne impression, ressortant même sa plus belle chemise. Enfin, celle qui avait le moins de tâches de peinture. Helnir avait toujours bien apprécié le jeune Andreas, même si leur dernière rencontre datait de plusieurs années et que les choses devaient avoir bien changé depuis, il ne doutait pas un instant que l'enfant soit devenu un jeune homme sage, doué et à l'esprit éclairé. Du moins il devait l'être pour avoir rejoint fait ce choix de vie.
La nouvelle lui était parvenue par un Elfe qui avait crèché chez lui quelques jours, le temps qu'on soigne le problème d'accélération capillaire de son cheval. Helnir se souvenait parfaitement de cet instant, quand on lui annonça que le prince Andreas était rentré dans l'Ordre d'Avisos avec sa soeur jumelle. Le Sorcier avait été suspendu aux lèvres de l'étranger qui avait rapidement enchaîné sur le fait que c'était un peu stupide comme décision, que quand on fait partie de la Famille Royale on se doit d'y rester, ne fus que pour les étoffes que cela permet de porter. Dans son esprit c'était la preuve même que ce qu'il avait toujours pensé des jumeaux s'avérait être vrai ; ils étaient de bonnes personnes. Des monarques avec le droit de régner, les valeurs d'Avisos dans le coeur. Et c'est ce qui l'avait amené à demander à ses contacts de transmettre un message au prince. Il voulait le rencontrer. Il voulait lui parler. Lui confier son respect, lui avouer son désir d'en faire partie, de cet Ordre. De cette réalité qu'il semblait désespéré à l'idée de pouvoir peut être l'embrasser. Quand bien même ses colocataires et compagnons de chemins errants lui riaient au nez quand il en parlait, prétextant que telle communauté ne voudrait jamais d'un homme comme lui. Il devait essayer. C'est ce qu'il se lança encore une fois comme courage en entendant des pas dans son dos, une démarche qu'il avait déjà entendu mais qui avait grandi, évolué. Helnir se retourna, mais dans le dos bien droit, les épaules ne montant aucune des tension qu'il possédait pourtant et accorda un fin sourire au nouvel arrivant. « Bonjour Mr Lawson. » Il se rendit compte un instant trop tard que l'image qu'il devait renvoyer n'était pas aussi accueillante qu'il voulait, la lumière du musée se découpant sur son corps dans la pénombre d'une statue aussi terrifiante que laide. Et ce sourire qu'il cachait derrière une barbe mal entretenue ne devait pas être là plus engageante pour une conversation avec un noble, Helnir le savait. « Je suis heureux de vous revoir, enfin. »

Porte parole **divin**

andreas & helnir

-believe in my faith, not in my beard-

Cette rencontre l'intriguait beaucoup. Tout ces secrets et ces mystères faisait naître en lui un désir d'aventure qu'il n'avait plus ressentit depuis un moment maintenant. Il y avait toujours bien quelques intrigues à la cours royale mais rien de comparable à un rendez-vous avec un Juge déchu organisé dans le plus grand secret. Et quelle organisation cela avait été ! Bien sur, il avait mis White au courant -on ne se rendait pas à un tel rendez-vous sans être sur que quelqu'un savait ou vous vous trouviez et ce que vous y faisiez, particulièrement quand on est prince et défenseur du culte d'Avisos.

Donc sa sœur jumelle savait ou il se rendait et qui il allait rencontrer. Elle avait insisté pour qu'il ne s'y rende pas seul. Les négociations avaient été serrées mais il avait finit par obtenir gain de cause. Il irait seul. Il laissa donc derrière lui une Cyrielle morte d'inquiétude. En temps normal il aurait écouté sa sœur mais cette fois ci, le dieu créateur lui avait murmuré qu'il devait laisser ses gardes chez lui.

Son visage était connu du peuple et le lieu de rendez-vous plutôt éloigné. Andreas avait donc enfoncé un chapeau haut de forme à large bord sur sa tête pour tenter de passer inaperçus. Il c'était également défait de ses étoffes habituelles pour quelque chose de plus commun -une chemise ocre ornée d'un veston gris anthracite.

Le trajet en train se déroula sans encombre -puisqu'il avait réserve un compartiment pour lui seul. Il ne put cependant s'empêcher de commander un päsplan. Il adorait la sauce d'Owlsbreathe et de toute façon, cet en-cas avait toujours été son péché mignon. Il descendit à son arrêt et traversa rapidement la gare, se dirigeant vers le lieu de rendez-vous.

En chemin cependant le prince passa devant une taverne et ne pus s'empêcher de capter les bribes d'une dispute conjugale. « Alors c'est comme ça que ça se passe Roger ? Je rentre plus tôt pour te faire plaisir et je te trouve dans les bras de cette... Cette... Catin ! » Il se retint de jeter un œil à l'intérieur. La femme avait l'air terriblement en colère. Le jeune homme se stoppa un moment dans la rue tout de même. Il ressentait cet étrange picotement habituel qui suivait les présages qu'Avisos avait la bonté de lui envoyer.

Il arriverait donc en retard.

Ce fait établis, il ralentit considérablement le pas, flânant un peu sur un marché avant de se remettre en route. Il extirpa d'un geste souple sa montre à gousset de la poche de son veston. Parfait, il n'avait plus qu'à se diriger vers l'endroit qui avait été décidé. Il pénétra d'un pas assuré dans le musée, la curiosité montant en lui un peu plus à chaque pas.

Il ne lui fallut pas très longtemps pour l’apercevoir. Il resta un moment en arrêt, l'observant silencieusement. L'homme était aussi grand que dans ses souvenir –et pourtant il était bien plus jeune la dernière fois qu'il avait du voir le sorcier. Cela venait sans doute du fait qu'il n'avait jamais été très grand.

Il s'avança finalement de sa démarche assurée mais pourtant douce, un air bienveillant accroché au visage et des étincelles de curiosité brillant au fond de ses prunelles azure. Bien sur, il était sur ses gardes. Après tout, l'homme en face de lui était un juge déchu. Et il ne savait vraiment pas à quoi s'attendre, mais des années à cacher au monde la voix divine qu'il entendait l'aidait à masquer son trouble. Trouble qui passa brièvement sur son visage quand le sorcier se retourna pour le saluer. Cette mise en scène était-elle sensée le mettre mal à l'aise ?

« Bonjour Mr Lawson. Je suis heureux de vous revoir, enfin. »

Un sourire amical glissa sur ses lèvres alors qu'il rejoignait le grand barbu de son pas souple. Sans montrer aucune des hésitation qu'il pouvait ressentir, il tendit la main vers lui pour la lui serrer.

« Monsieur Elsbridge. Cela faisait effectivement fort longtemps. Veuillez me pardonner pour mon retard. Avisos nous révèle parfois bien des surprises. »

Une fois la poignée de main échangée, il récupéra la sienne. Le menton levé pour pouvoir regarder son interlocuteur dans les yeux, il n'avait pas encore songé à chercher des yeux la baguette du sorcier, ce qui était terriblement imprudent de sa part. Il s'empressa donc de faire savoir à son interlocuteur de manière discrète qu'on savait ou il se trouvait et avec qui.

« White m'a chargée de vous transmettre ses salutations. Elle m'aurait bien accompagné aujourd'hui, mais des affaires pressantes l'occupaient. Vous désiriez me parler ? »