- what is dead may never die -

« what is this that I can't see with ice cold hands taking hold of me »

Les couloirs du bâtiment administratif réservés au Département de l’Ingénierie Mécanique n’avaient jamais semblé aussi longs et exténuant. Hendrick avait l’habitude de parcourir ces couloirs, comme tous les scientifiques et autres ingénieurs travaillant dans ce département. Il s’agissait du point de passage de plusieurs portes donnant accès aux bureaux administratifs. Tout le monde en a déjà plus ou moins fait l’expérience : l’administration est ce qu’il y a de plus frustrant dans la vie d’un homme passionné dont les projets sont retardés par la paperasse. « Non, non, non, vous ne comprenez pas, j’ai besoin de cette autorisation ! » s’époumona Hendrick Pendleton, en secouant un court parchemin devant lui, tout en trottant derrière l’ingénieur en chef. Ce dernier poussa un long soupir d’exaspération avant de s’arrêter brusquement et de se retourner si vite que Pendleton failli lui rentrer dedans. L’ingénieur en chef était grand et imposant si bien que la taille moyenne d’Hendrick paraissait foutrement petite. « J’ai dit non Pendleton. » Sans un mot de plus, il fit demi-tour et continua sa marche et finit par disparaître au détour d’un couloir. Du haut de ses quarante ans passé, Pendleton n’avait pas à recevoir d’ordre d’un confrère récemment promu comme étant son patron. Hendrick n’avait pas de temps à perdre avec ces enfantillages. Il lui fallait cette autorisation. Maintenant. Et si personne n’allait le lui donner, soit. Il allait être son propre juge.


« Hep hep hep ! Où pensez-vous aller comme ça ? » Le jeune étudiant pensait pouvoir profiter d’un instant de répit où Pendleton était si concentré dans son récit qu’on aurait pu songer qu’il avait oublié sa présence. Quelle idée saugrenue. Pendleton n’oubliait jamais personne. Ce dernier s’approcha brusquement de lui de telle sorte que son nez flotta à quelques centimètres du sien. « Vous êtes venus étancher votre soif de curiosité n’est-ce-pas ? Vous vouliez en apprendre plus sur mon humble personne et comment l’homme que j’étais est devenu le fantôme que je suis, hum ? » Son regard était si insistant qu’il paralysa le jeune homme qui ne put qu’acquiescer par de petit hochement de la tête, des gouttes de sueur ruisselait sur son front et mouillait son dos le long de sa colonne vertébrale. Les rumeurs disaient que plus longtemps Hendrick Pendleton vous accordait son attention, plus il faudra le payer par la suite. « Alors asseyez-vous. » Il désigna le tabouret qui se trouvait un des seuls objets qui ne grinçait pas dans le laboratoire fourni et lugubre de Pendleton. Résigné, le jeune étudiant s’assit les yeux fixé sur la silhouette transparente. Son esprit ne pensait qu’à une chose : sortir d’ici. Mais il n’y avait qu’une porte et une fenêtre trop haute et trop étroite pour le gabarit d’un homme. Il était condamné. « Ce fut une de mes dernières inventions testées de mon vivant », continua Hendrick le plus naturellement du monde. « Ce n’était rien, rien qu’une petite signature ! Une misérable et ridicule signature me séparait d’une avancée qui allait être primordial pour le genre humain, pour tous les Caphesiens ! » Il prenait tant de vigueur à prononcer cette phrase qu’il en eut un rire à faire tinter entre eux ses tubes et autres verres doseurs disposés sur son large bureau contre un des murs du laboratoire. « Savez-vous de quoi il s’agit ? » Le jeune apeuré n’osait répondre. Il n’avait aucune idée de quelle invention sordide parlait Pendleton. Les professeurs le mentionnaient seulement pour prévenir que les sciences peuvent être aussi bien passionnante que dangereuse « la preuve est fait, regardez ce pauvre Pendleton, coincé sur Caphes à cause de son cerveau trop rempli d’ignominie pour se vider convenablement afin de reposer en paix ! » Le jeune étudiant ne savait pas ce qui serait le pire : répondre négativement ou mentir. Heureusement pour lui, Hendrick répondit à sa place en soupirant « Bien sûr que vous ne savez pas. Mon invention a été détruire dès le premier essai. Mais c’est là tout l’intérêt » Il s’approcha si vite du tabouret que le jeune homme en eut un hoquet de peur. Ses yeux globuleux d’un noisette fantomatique le fixa d’un air machiavéliquement heureux. « Je l’ai testé ! »


Il n’allait pas laisser les personnes ayant un statut hiérarchique plus haut que lui le diriger. Il fallait qu’il fasse cette expérience. Les calculs sont corrects. Il les a vérifiés une première fois et encore une deuxième fois. Son invention allait fonctionner. Une sorte de capsule soulevée par des jambes articulées de dix mètres. La capsule était pourvue de fusée qui pouvait faire feu sur les malfrats et tout autre individu ne respectant pas la loi. La capsule était fournie d’un siège éjectable en cas de danger pour l’individu se trouvant à l’intérieur. Une faiblesse ? Aucune. Mais personne ne croyait en lui. Ses résultats étaient parfaits, ses calculs toujours juste, et pourtant, personne ne croyait en la créativité de ses inventions. Il allait prouver à tout le monde qu’ils avaient tort de ne pas croire en ses capacités cérébrales. Car son cerveau allait changer la face de Caphes, et tous les Caphesiens lui en seront reconnaissant, et on parlera de lui dans les livres d’histoire… Ceci n’est que le début d’une longue et périlleuse route vers la gloire.

Hendrick rentra chez lui, alourdi par le poids de tous ces non. « Non, tu n’iras pas à Highclockers, nous n'avons pas assez d'argent ! » lui répétait sans cesse ses parents encore enfant qu’il était. Or le voici. « Non, vous n’aurez pas un une planche en bois de plus monsieur Pendleton » avait-il sans cesse entendu dans ses années de jeunesse perdue, à vouloir prouver que ses expériences n’était pas de la pacotille. Mais il trouvait toujours un moyen d’avoir ce qu’il voulait. Pas des manières les plus légales, il est vrai. Aujourd’hui, il devait faire face à un autre refus. Mais comme celui de ses parents et de tous les autres qui étaient contre lui et son génie, il allait le contourner. La soirée venait de débuter lorsqu’il regagna son appartement qui se résumait à une chambre de bonne à l’époque. Son appartement, bien que petit et précaire, était d’une propreté à toute épreuve. Tout avait une place et chaque chose devait être à sa place. Bien qu’il n’y avait guère d’espace suffisant pour plus qu’il n’y avait, c’est-à-dire, un lit et un bureau qui faisait office de table de salle à manger. Ses livres et ses fioles étaient soigneusement rangées, ses maquettes disposées soient sur des étagères, soit suspendues sur le plafond. Hendrick ferma doucement la porte et s’assit directement en face de son bureau. Il sortit alors d’une poche intérieure de son manteau le parchemin aux coins dégarnis. Cela faisait plusieurs jours qu’il avait essayé de convaincre le directeur pour qu’il lui donne l’autorisation de tester sa capsule sur patte. Mais le motif de refus était écrit noir sur blanc : « risque d’explosion. » Amateurs, qu’il pensait. Si tout devait être refusé pour risque d’explosion, il n’y aurait rien eu d’inventé à Caphes ! L’alimentation est mécanique, tout est fait de rouage, il n’y aura pas d’explosion. Et s’il devait en avoir une, soit, il fera mieux. Le parchemin en face des yeux, il fixa intensément le motif de refus. « risque d’explosion ». Il lui suffirait d’utiliser l’encre utilisée pour ce « risque d’explosion » et d’utiliser cette encre pour en faire la signature. Oui, oui, il pourrait faire ça. C’est encore plus facile que de faire apparaître une inscription par elle-même. Les mots semblaient alors glisser, comme trempés après une forte pluie. Le motif de refus n’était plus. L’encre glissa jusqu’au bas de la feuille pour se transformer en la signature du directeur, large et droite.  Sans que l’expression de neutralité ne quitte son visage, un sourire tout sauf naturel s’agrandit de plus en plus et prit possession de lui. Son don ne l’avait jamais abandonné. La première fois ? On se souvient toujours de sa première fois n’est-ce-pas. Il était jeune, si jeune ! Un enfant. La première fois fut déclenchée par la haine. Ou comment un tableau de compte qui aurait dû mettre ses parents à la rue se transforma en tableau de compte qui les avait rendus riche à foison et fait déménager définitivement à la capitale Caphesienne. Il comprenait, malgré le fait qu’on le prennait pour un gosse. On l’avait toujours sous-estimé, même enfant. Il réussissait cependant à prendre sa revanche, toujours. Et cette fois-ci, il tenait sa revanche entre ses mains.

« Mais… comment… attendez, vous êtes un… » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que le regard d’Hendrick et toute sa corpulence fantomatique se tourna vers lui. Comment avait-il pu oser l’interrompre à un moment aussi fatidique !... Le jeune homme venait de se rendre compte de son erreur qui pourrait lui être fatale. Fatale, vraiment ? Non. Peut-être pas. Pendleton avait trop envie de continuer son histoire. Il avait envie de jouer. « Oui, oui j’en suis un » chuchota fièrement Hendrick. Il est toujours un Vyperhün. Ce mot qui désigne les personnes ayant la même capacité que lui. « Et je n’en était pas à ma première fois. Voyez-vous, cela demande beaucoup de concentration. D’imiter une signature. Et une aussi affreuse pour les yeux que l’ancien directeur en ingénierie, cela demandait tant d’effort ! » Impossible à dire pour le jeune homme si Pendleton était ironique. Hendrick flotta devant lui, sa main droite tenant une tasse invisible et la gauche pointant les moments forts de son récit.


Il allait être récompensé. Toutes ces heures passées ici même, dans ce laboratoire… on allait enfin reconnaître son génie ! Tout était parfait cet après-midi là, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Un nombre assez conséquent était présent sur le terrain de test d’inventions. Bien sûr, le directeur en ingénierie était absent. Il n’était pas sans censé savoir que son refus était tout d’un coup devenu une autorisation. Quelques-uns de ses confrères et consœurs étaient présent. Ceux et celles qui ont suffisamment d’intelligence pour ne pas le croire fou. Fou… Ce furent les absents les fous. Hendrick lui-même qui testa la capsule. Une fois à l’intérieur, l’émotion fut si grande, si intense ! Les rouages firent un bruit insoutenable pour les autres mais c’était d’une jouissance sans nom pour ses oreilles. Une fois debout, sur les jambes mécaniques, à l’abri dans sa capsule de verre, il était prêt à tester les armes qui se voulaient redoutable, des armes qui lançaient des grenades explosives, rien que ça. Et au moment d’appuyer sur le détonateur… Oh, quelle explosion, quelle explosion ! Pas les grenades, non, la capsule, les jambes mécaniques, les rouages, tout était parti dans une explosion retentissante laissant une abondante fumée noirâtre. Ce ne fut pas le jour de sa mort néanmoins. Le siège éjectable l’avait sauvé. Sur l’herbe, il était poussiéreux mais heureux, il riait. Des larmes glissaient le long de ses joues. Et il continua de rire pendant que les quelques ingénieurs restés pour admirer le travail de Pendleton se précipitèrent vers ce dernier pour l’emmener. C’était dangereux. D’autres explosions pouvaient survenir.  Hendrick continua à rire. Il était heureux. Il ne vivait que pour ça. Son invention avait échoué ? Non, elle ne demandait qu’à être perfectionnée. C’était donc ainsi, Hendrick fera mieux.

Par la suite, Hendrick passa encore plus de temps dans son laboratoire, sortant de moins en moins, y passant des jours, des semaines, ne sortant que pour acheter de quoi s’alimenter ou pour des fournitures. Il en oublia la notion de temps. Il travaillait sur un projet fou, même lui en convenait, mais pas irréalisable. On frappa d’une manière assourdissante à la porte. « Monsieur Pendleton ? » Non, non, non, il ne fallait pas répondre. Personne ne devait le déranger. . « Monsieur Pendleton ? Ouvrez, nous avons un traité du tribunal qui nous autorise à entrer de force si vous n’ouvrez pas ! » Défoncer ma porte pensa-t-il, quelle bande de sauvage. Il posa d’une manière brusque sa craie qui venait de lui servir face à l’équation issue de la théorie de Ser Brown sur la relativité du temps et de l’espace et se résigna à ouvrir la porte. Face au visage blême et au brusque « Quoi ?! » de Pendleton, les deux gendarmes eurent un léger sursaut qui les firent reculer d’un pas. On aurait dit qu’il n’avait pas dormi ni manger depuis des jours. Une odeur d’humidité s’échappait de l’entrebâillement de la porte. . « Euh… Monsieur Pendleton » hésita l’un des hommes, . « nous avons pour ordre de vous amener au QG des Exécuteurs de district du Quartier des Droits de Highclockers » « Oh, vous avez pour ordre de m’amener au QG des Exécuteurs de district du Quartier des Droits de Highclockers, hum ? » répéta Hendrick d’un ton sarcastique qui ne semblait pas plaire à l’un des gendarmes. « Et si je refuse ? » . « Nous vous emmèneront de force. » répondit l’autre gendarme, d’un ton plus franc que le premier. Hendrick le fixa pendant au moins cinq secondes qui paraissait être incroyablement longue. « Eh bien faîte ! » finit par dire le concerné avant de retourné à son tableau en claquant leur claquant la porte au nez à en faire virevolter leur mèches de cheveux. Il savait que son heure était venu. Mais pas dans l’immédiat. Il lui fallait encore du temps.

Ce ne fut qu’au bout d’une poignée de deux heures que des coup puissant retentissait de nouveau à sa porte. « Monsieur Pendleton ! » Jamais ils n’arrêteront de le perturber, mais qu’ils arrêtent, qu’ils arrêtent ! « Monsieur Pendleton, par ordre de directeur des Exécuteurs de Caphes, vous devez nous suivre dans l’immédiat afin de subir un interrogatoire sous peine d’emprisonnement ! » Hendrick ria à plein poumons. Sans bouger les yeux de son tableau, il hurla à leur intention « Et pour quel motif la Famille Royale voudrait m’interroger, hein ? » Le ton de sa voix montait. La réponse, il la connaissait. « Monsieur Pendleton, » le ton qui lui répondait annonçait un signe de perte de patiente. « Vous êtes accusés de pratique illégale de Vyperhün à des fins dangereuses, vous êtes prié de répondre de vos actes sous peine d’emprisonnement immédiat ! » « Pas à des fins dangereuses, NON, je suis un scientifique, je teste mes expériences à des fins scientifiques, vous entendez : SCIENTIFIQUE ! » Lui-même avait perdu patiente. Hendrick le ressentait que c’en était fini, ses tripes le lui disaient plus que son cerveau, trop occupé à réfléchir à ses derniers instants. La porte se brisa. Non, personne ne devait connaître ses résultats, ses calculs qui auraient pu lui mener à son invention révolutionnaire, une machine qui aurait pu changer des événements du présent. « Non, non, NON ! » hurla-t-il aux Exécuteurs autant que pour lui-même. Quatre silhouettes semblaient courir vers lui, prêt à l’emmener. Il s’extirpa de leurs doigts bourrus pour effacer précipitamment les calculs clés qui auraient pu lui permettait de comprendre les méandres du temps et de l’espace. S’il ne pouvait pas achever son invention, personne ne le fera. C’était lui le cerveau, lui le génie. Ses pieds ne touchaient plus le sol. Les Exécuteurs le soulevaient pour l’emmener se faire interroger. Hendrick n’entendait plus les paroles formelles que prononçaient l’un d’eux sur ses droits et autres baratins. C’en était fini de lui. Il riait aux éclats. « Ce fut follement amusant. » Il détacha la capsule de cyanure coincée entre ses dents.


« O que ce fût difficile pour moi de devenir un fantôme » avoua-t-il au jeune homme qui avait maintenant ses oreilles et ses yeux rivé sur Pendleton. « Je ne voulais pas mourir en pleine découverte scientifique, oh que non ! Mais j’étais déjà mort à l’instant même où ces Exécuteurs ont frappé à ma porte. Ils ont dû faire une sorte d’enquête… Ah, ce fut risqué d’utiliser mon don dans le domaine professionnel, il est vrai. Mais si j’ai ce don, il faut s’en servir, n’est-ce-pas ? » Hendrick posa son regard sur le jeune homme qui se contenta d’acquiescer d’un air qui se voulait convaincant. Hendrick souriait alors de telle sorte que l’on voyait ses dents d’une blancheur excessive, transparent comme du papier calque. « Je m’en suis posé des questions vous savez. Pourquoi avais-je mérité ce sort ? Pourquoi ne pouvais-je pas enfin reposer mon âme de cette vie où tous les êtres humains m’ont rabaissé, sous-estimé ! N’ai-je pas le droit moi aussi, à la paix, hein ? Qu’en dîtes-vous, n’ai-je pas le doit moi aussi, DE REPOSER EN PAIX ? » Le petit être humain sur le tabouret acquiesça de nouveau, mais cette fois-ci, il y mettait tout son cœur. Hendrick se positionna devant lui, s’asseyant sur une chaise invisible. Il ne le quittait plus des yeux. « C’est ce que je pense également, mon cher. J’ai eu alors une révélation. Si je ne pouvais reposer en paix, c’était parce que mon esprit et mon âme ne l’était pas, tout simplement ! J’étais mort frustré ! Malgré les apparences, on m’avait pris ma vie ! ON M’AVAIT ENLEVÉ MA VIE ! » Les instruments de mesures et autres fioles se mirent à trembler sur la table émettant un tintement aigüe. « J’ai erré longtemps, si longtemps avant de le comprendre. Même si les autres fantômes essayaient de me soutenir, je ne les entendais pas ; le désarroi fut mon seul compagnon. Puis vint le jour où je me suis remis au travail. Le travail que j’avais laissé en suspens, lorsque mon cœur lâcha, alors que les Exécuteurs m’ont enlevé. Et vous, mon jeune ami, m’avez dérangé pendant mon travail, tout comme eux l'ont fait. » Les mèches de cheveux du jeune homme étaient trempés de sueur si bien qu’ils lui collaient au front. Hendrick se leva et flotta devant son bureau. Le jeune homme en profita pour se lever discrètement, pensant encore échapper à la folie dans laquelle il s’était embarqué. Il fallait prévenir les autres. Comment pouvait-il être un Vyperhün et encore être là ? Il n’y avait donc aucun sorcier aux alentours pour l’emprisonner à l’aide d’un quelconque sortilège ? Le nombre d'années, plus d'un siècle selon les dires, passées à errer ont dû faire oublier certains détails de sa vie aux communs des mortels. Le jeune étudiant se demanda alors soudainement combien d’autre secret Hendrick Pendleton cachait. Il fallait sortir d’ici. Il fallait prévenir quelqu’un. Alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour, il fut paralysé par le timbre de la voix joueur et sordide de l’ancien scientifique. « Dîtes-moi, mon jeune ami, je me posais une question depuis le début de notre petit entretien. » Il ne pouvait plus bouger. Impossible d’expliquer pourquoi, mais il ne pouvait plus faire un geste. Était-ce la peur qui le paralysait autant. Son visage devint subitement blême, il sentit des larmes coulées le long de ses joues. Il avait froid. Un couteau flotta devant Pendleton, la pointe était dirigée dans sa direction. « Vous ne dîtes plus un mot depuis un certain moment, alors je m’inquiète ! Je ne suis pas un insensible, que croyez-vous ! Alors dîtes-moi : êtes-vous muet, ou bien sot ? »