-  The show must go on -

« Inside my heart is breaking my make-up may be flaking... But my smile still stays on ! »

Chapter I : « Dream on, dream until your dreams come true »

« Prenez-la je vous en prie, prenez-la, ne lui dites jamais… Promettez le moi ! » Déposant l’enfant dans les bras de l’apothicairesse qui ne comprenez pas le sens de tout cela, elle avait juste hoché automatiquement la tête. Etait-ce une nouvelle moquerie de la part des autres pour lui rappeler son fatal destin de n’arriver à avoir un enfant ? Cela était tout bonnement cruel, mais aussi cela serait bien plus logique ! On ne croisait que peu d‘inconnu dans cette partie de la forêt. Melina s’y rendait par habitude et surtout parce que c’était précisément là que regorgeait le plus gros des plantes qu’elle utilisait, elle y trouvait le plaisir de n’avoir pour seul caquetage que les bruits familiers de la nature… Et maintenant elle avait toujours cet univers qu’elle connaissait par cœur mais un élément varié, elle tenait emmitouflé dans une étole un bébé… L’inconnue avait déposé un long baiser sur le front de l’enfant endormie, Melina ne baissa le regard que quelques secondes et lorsqu’elle avait relevé la tête… Rien… Plus personne… Tournoyant alors cherchant à retrouver cette femme, cherchant un quelconque visage qui serait là, à la scruter, attendant le moment propice pour venir mettre fin à ce qu’elle jugeait être une mascarade… Mais les minutes s’étaient écoulées… Puis les heures, si bien que James était parti à sa recherche et l’avait trouvé à l’endroit même où elle se tenait depuis le début, ses muscles commençant à s’ankyloser à mesure que la journée s’éteignait, des tremblements commençant à apparaitre avec la brise qui s’élevait, ramenant la fraicheur nocturne petit à petit. Même lorsque James la retrouva elle ne prononça pas le moindre mot, ne put esquisser le moindre geste jusqu’à l’aube du jour suivant, jusqu’au moment où elle émergea dans la cuisine et trouva James donner à manger à l’enfant.

« Ce n’était pas un rêve ! » S’exclama-t’elle avant de rejoindre son amant et d’observer la petite tête blonde. Parfois on prit, on attend tellement quelque chose que lorsque celle-ci nous arrive, d’une manière détournée, ou du moins peu conventionnelle, notre esprit préfère le rejeter, ne pas croire en cette chance fortuite bien trop belle. « Que s’est-il passé ? Tu devais aller chercher des plantes et tu reviens avec un bébé ! » « Je ne sais pas ! Je croisé le chemin de sa mère et elle me l’a mise dans les bras « Prenez-la je vous en prie, prenez-la, ne lui dites jamais » se sont ses paroles exactes… C’est un cadeau, un cadeau du ciel… » Elle déposa ses mains sur les épaules robustes de James « Je lui ai promis, je tiendrais ma promesse… » « Et qu’allons-nous dire aux autres ? » « Avec le retour des mousses, j’ai été plus dans la forêt ces derniers mois qu’au village, on soulignera simplement le fait que avec toutes nos tentatives vaines… On ne voulait pas nous attirer le mauvais œil… » James regardait l’enfant avant de lever son regard vers Melina, il l’avait rarement vu aussi déterminé ! Elle si douce, si aimante, si fragile… Elle devenait un parfait roc, une louve protégeant sa portée qu’importent les obstacles qui allaient se présenter à elle… Il aurait eu envie de lui dire autre chose, lui dire qu’elle ne devrait pas être si hâtive, que cela était bien trop beau pour être vrai, que la mère allait franchir le seuil de leurs portes dans quelques minutes pour venir récupérer ce petit bout d’être qu’il tenait. Il comprenait sa joie, il la partageait même, c’était un véritable… Miracle, eux qui avaient baissés les bras depuis longtemps, qu’ils s’étaient résolus à leur sort…

Il y avait tellement de question, tellement de zone d’ombre qui l’empêchait de profiter du moment présent, se pouvait-il qu’une fois dans leur existence le destin puisse être bénéfique pour eux ? Elle le méritait, ils le méritaient, était-ce orgueilleux d’oser le penser et d’oser y croire ? « Ruby » Melina vint enlacer son mari comme pour répondre positivement à ce qu’il venait de trouver, Ruby serait le parfait prénom, le prénom la rattachant à son passé de par le pendentif que Melina avait aperçue au cou de cette femme, la rattachant à ses origines, le prénom leur rappelant la chance que cette femme leur avait donné, une sorte de cadeau de remerciement…



Chapter II : « I'm on the highway to hell »

Perchée sur une branche d’arbre elle observait sagement la longue descente de l’astre venant se perdre à l’horizon, jouant à se cacher à travers les arbres. Elle avait toujours aimé la hauteur, grimper le long des arbres pour voir toujours plus loin, aller toujours plus haut, devenant la curiosité de quelques oiseaux nichés là. « RUBY DESCENDS DE LA TU VAS ËTRE EN RETARD… Et sale ! » Finit Melina par siffler entre ses dents. Parfois elle avait un réel doute quant à savoir si elle avait élevé une fille ou un garçon ! Toujours à revenir avec les habits déchirés, des traces de terre un peu partout, des bleus en veux-tu en voilà, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne rechignait nullement à mettre les mains dans la terre, elle n’avait pas le côté un peu « précieux » qu’elle retrouvait dans les filles de ses amies, sous prétexte qu’ils avaient une situation confortable. La famille Petrova ne roulait pas sur l’or, mais ils étaient loin d’être dans le besoin, elle étant apothicairesse, et lui tavernier, propriétaire de sa taverne. Ils n’ont jamais fait étalage de leur fortune et surtout ils n’ont jamais fait des cadeaux inconsidérés à Ruby, chaque chose qu’elle obtenait elle le devait mériter, l’obtenir, rien n’était jamais gratuit. Ce n’est pas comme si cela dérangeait Ruby, elle n’a jamais eu véritablement besoin de quelque chose, ils vivaient dans un village, la mentalité est bien différente de celle de la ville, on s’aide sans attendre en retour, on ne vit pas à toute allure pour se rendre compte que l’on est passé à côté de sa vie, on pouvait sans le moindre complexe aller voir ses voisins pour une simple visite de courtoisie, sans la moindre arrière-pensée, et surtout on pouvait se faire confiance les uns aux autres.

Plus d’une fois elle était allée à droite ou à gauche lorsque ses parents ne pouvaient l’emmener avec eux au travail, alors elle avait la joie d’apprendre d’autres métiers, de voir comment faire du pain, découper un lapin, mais ce qu’elle préférait par-dessus tout s’était bien évidement de monter à cheval ! Elle avait cet avantage d’habiter ça côté d’un éleveur et autant dire qu’elle ne boudait nullement son plaisir à y aller dès qu’elle avait cinq minutes. Bien évidemment elle préférait de loin les chevaux avec du caractère, autrement dit ceux qui vous laissait monter et une fois assis qui vous faisait danser jusqu’à vous mettre les fesses par terre ! C’était sans compter sur l’acharnement, et l’entêtement de la petite tête blonde, qui, à la limite du masochisme, recommencer encore et encore jusqu’à arriver à dompter les plus coriaces… Par simple volonté de remporter ses batailles ! Elle était pour ainsi dire prédestinée à intégrer l’école de combat avec un esprit comme le sien, et vu le versant quelque peu belliqueux de sa personnalité… Croisant les bras sur sa poitrine Melina regarda sa fille redescendre avec aisance, son cœur manquant un battement à chacun des dérapages qu’elle faisait, elle allait finir par avoir raison de ses nerfs ! Atterrissant après un magnifique bon, elle épousseta sa tenue adressant un grand sourire à sa mère. « C’est bon on y va ! » Bien sûr qu’elle était enthousiaste c’était une tout autre aventure qu’elle allait vivre, et il lui tardait ! Son choix de l’Ecole n’était pas innocent, elle voulait apprendre à manier tout cela pour un jour pouvoir défendre sa famille si le besoin s’en faisait sentir, sans parler d’elle-même… Qui veut la Paix prépare la Guerre n’est-il pas ?

Lorsqu’elle arriva à l’Ecole, elle ne passa pour le moins pas inaperçu… A quoi bon s’entraîner avec des gens de son âge de son niveau, non il valait mieux défier ceux avec beaucoup plus de bagage ! Son père lui a toujours appris à affronter la difficulté, et qu’il était plus gratifiant de réussir quelque chose qui nous paraissait impossible et pas à portée de main, que de se contenter d’être excellent dans ce que l’on savait faire, de rester dans son cercle de sécurité. De plus, elle avait supporté bien pire douleur que celle infligé lors d’un entrainement. Elle apprenait vite, ne ménageait pas ses efforts, son but premier étant de surpasser tout le monde, apportant fierté et honneur à son nom, à ses parents, avec un soupçon d’arrogance et de défi il était vrai. Il apparut comme évident qu’elle était une excellente stratège et qu’elle avait cette capacité d’anticipation, presque surnaturelle, à chaque fois qu’elle se retrouvait à face à quelqu’un, un peu comme si elle arrivait à deviner les combinaisons de son adversaire… Cela était presque magique…



Chapter III : « Let the skyfall, when it crumbles, we will stand tall face it all together »

« Il faut que j’en ai le cœur net ! » « C’était un rêve ! » « Non c‘était plus que ça ! » Peu après ses seize ans, de drôles d’images commencèrent à lui venir en tête, des scènes de la vie plus ou moins quotidiennes la plupart du temps par rapport à des personnes qu’elle n’avait jamais rencontré, ou alors des anciennes connaissances de son village ou passants qu’elle avait croisé à la taverne. Lorsque cela commença, elle ne le voyait qu’en rêve, ce qui faisait qu’elle se réveillait encore plus fatiguée que si elle était restée éveillée toute la nuit, mais elle prenait cela comme un jeu d’esprit, une sorte de palliatif quant à un manque quelconque… Mais ce soir-là elle avait vu sa mère, elle allait pour fermer sa boutique lorsqu’un pèlerin était venu implorer son aide ! Comme à son habitude elle n’avait su dire non et l’avait laissé entrer lui et son compagnon de voyage… Ce qu’il voulait n’était absolument pas une quelconque assistance… La scène s’était arrêtée sur le visage découvert des agresseurs, et leur accent prononcé de la Capitale, le ressenti de frayeur de sa mère, assez suffisant pour la tirer de la sieste qu’elle s’était accordée après un entrainement intensif. « Très bien, admettons… Tu te pointes là-bas et oh étrange, ce n’était qu’un rêve, rien de tout ça s’est passé… Tu vas expliquer ça comment ? » Se laissant tomber sur la paillasse Ruby lâcha un soupir « Ouais c’est vrai… Il n’empêche que c’était très réaliste ! » « Tu vois le mal partout de toute façon ! » Donnant un léger coup de poing sur le bras de son interlocuteur elle esquissa un fin sourire. Le lendemain son voisin était venu la chercher pour la ramener auprès de ses parents…

La suite avait été celle-ci, sa mère n’aurait jamais laissé quelqu’un s’approprier son labeur, et bien sûr elle avait de quoi se défendre face à ce genre d’individu mais elle n’avait pas prévu l’arrivée de son mari de l’arrière-boutique. Lorsque la lame s’était abattu sur lui elle avait fait rempart et c’est elle qui reçut le coup mortel, lui écopa d’une entaille profonde à la jambe droite qui lui fit perdre toute sa mobilité de celle-ci agrémenté de bleus et autre, laissé pour ainsi dire mort, si la boulangère n’avait pas eu le bon ton d’aller voir en entendant ce vacarme. Elle s’est promis ce jour-là qu’elle obtiendrait vengeance, qu’importe le temps qu’elle y passerait, elle les retrouverait et ce jour-là, ils la supplieront de mettre fin à leur supplice. C’est cette haine, ce désir de vengeance qui la consume de l’intérieur qui la fit tenir à l’enterrement. Il fut magnifique, à la mesure de la gentillesse et de la serviabilité de sa mère, tout le monde au village se proposa d’aider son père à recouvrer ses forces le temps qu’elle finisse sa dernière année d’Ecole. Une fois celle-ci termina elle aida tout naturellement son père à la taverne, abattant plus de travail que n’importe qui et surtout espérant une seule chose qu’ils passent, comme ça au détour d’un voyage, qu’ils s’arrêter prendre une bière… Soutien absolu de son père, ils étaient ensemble contre le reste du monde, ou presque ! Mais même à son père elle ne parlait de ses rêves, il n’était pas de bon ton d’avoir des rêves quelque peu « prémonitoires », ce n’était qu’une coïncidence non ? Après tout sa mère était commerçante, cela aurait pu arriver n’importe quand...  Pourquoi se concentrer là-dessus ?

Le problème résidait plutôt dans le fait que cela ne s’arrêtait plus à ses rêves, il lui arrivait d’avoir des absences, au contact d’un objet, d’une personne dont elle frôlait la main en récupérant l’argent. Force est de constater que plus elle voulait l’éviter et plus cela s’imposer à elle, elle mettait en place tout un tas de technique et de parade pour empêcher son esprit de divaguer, selon elle, usant de force de volonté et de refoulement, se raccrochant coute que coute au moment présent, à l’action se déroulant sous ses yeux et non dans son esprit, n’écoutant pas, ne voyant pas ce qui s’imposait à elle… Pauvre orpheline de mère se mettant à dérailler pour n’avoir su encaisser la mort brutale de celle-ci… Ce n’était qu’un jeu d’esprit un de plus, provoquant des migraines fréquentes et conséquentes, sans oublier un sommeil en dent de scie l’habituant à dormir peu pour éviter de ne tomber dans les méandres de son inconscient malade… Egoïstement son père aurait voulu garder sa fille à ses côtés jusqu’à la fin, trouvant en elle une alliée et une partenaire dont il ne pouvait rêver mieux, mais il le sentait jusque dans sa moelle épinière qu’elle était promise à de grandes choses, bien plus qu’aider son invalide de père à tenir son commerce… Il fallait qu’elle avance et qu’elle quitte cet univers ces lieux hantés par le fantôme de sa défunte mère. « Part ! » Ruby soupira continuant d’essuyer les verres « Il faut que tu partes que tu découvres un peu le monde ! » « On en a déjà discuté, je ne te laisse pas tout seul ! » « J’ai un village derrière moi, tu penses sincèrement qu’ils me laisseraient seuls ? Ils ont bien trop peur que tu ne leur tranche la gorge dans leur sommeil ! » Elle eut un léger rire.

« Ce n’est pas une négociation c’est un ordre ! » Hochant la tête avec une moue signifiant plus ou moins oui on y croit, elle continuait son geste qui fut arrêté par la main de son père. « Ruby… Tu es destinée à bien plus que ça, ne t’enchaînes pas plus que tu ne l’es déjà ici ! » Mettant le torchon sur son épaules et les mains sur sas hanches elle fit face à son père « Tu comptes faire tourner l’endroit comment ? A coup de baguette magique ? Tu ne peux pas faire tout, tout seul, la discussion est clause » « Jake va m’aider, il commence demain, donc… Je n’ai plus besoin de toi ici… » Ruby resta un instant interdite, la bouche ouverte tel un poisson hors de l’eau, puis, telle une tornade, elle tourna les talons pour se diriger vers chez Jacob, plus communément appelé Jake, entendant son père l’appelait en vain. Arrivé devant chez lui, elle faillit presque démolir sa porte à force de cogner dessus. A peine eut il ouvert qu’elle fondit sur lui prête à lui arracher la gorge avec les dents. « De quoi je me mêle Jake ! » Autant il fut surprise de la véhémence de Ruby, autant avec ses paroles il comprit très vite le pourquoi du comment « Ah t’as discuté avec ton père… » « Non je reviens d’une chasse au loup et j’ai trébuché sur un nain ! » Malgré la gravité de la situation, du moins selon Ruby, il ne put s’empêcher de rire, donnant à Ruby une folle furieuse envie de lui tordre de le cou. « Ruby tu as la chance d’avoir ton père, de l’avoir encore, et il t’offre l’opportunité de te tirer de ce trou paumé, tu devrais le remercier ! » Elle allait lui répondre quand il la fit taire, non pas d’un geste car jamais cela n’aurait marché mais en lui plaquant sa main sur sa bouche.

« Tu es sa fille, pas sa femme et encore moins sa mère, alors fais ce qu’il te dit, et surtout poses-toi la question si tu ne te caches pas plutôt derrière le fait « qu’il ait besoin de toi », selon ce que tu penses, pour éviter de vivre… Tu es un esprit libre, tu te laisseras dépérir dans le mouroir que tu t’es créée… Sur ses bonnes paroles je te souhaite la bonne nuit », il l’avait escorté ou plutôt poussé jusqu’à la sortie et il avait pris soin de bien refermer derrière. Comme à chaque fois que tout n’allait pas, n’allait plus, elle grimpa en haut de son arbre, réfléchissant aux paroles de son ami d’enfance, surement la personne qui la connaissait le mieux après son père…



Chapter IV : « Take a bite of my bad girl meat »

Le lendemain elle prit des provisions et après avoir instauré le fait qu’elle reviendrait un deux jours par mois elle s’en alla découvrir ce dont Caphes pouvait regorger. La connaissance des plantes lui était d’un très grand secours, et lui permettait de rendre quelques services en échange de l’hospitalité pour quelques nuits. Ou alors elle proposait ses services en salle ou en cuisine pour négocier un repas chaud. Lorsqu’elle était partit elle n’avait absolument rien pris comme argent, laissant tout à son père, préférant elle se débrouiller, que lui doive emprunter à droite et à gauche, surtout qu’il devait verser un salaire maintenant, personne ne travaille jamais pour la gloire ! Il lui arrivait certaines fois de faire l’animation dans quelques auberges, attrapant un instrument qui passait par là et jouant les airs qu’on lui demandait pour égayer un peu la soirée, activité très gratifiante et généreusement récompensée lorsque l’on savait l’amener… Surtout lorsqu’elle arrivait à deviner quel morceau ferait plaisir à telle personne, elle avait une très bonne « intuition »… Intuition qui plus elle la sollicitait plus revenait à la charge comme pour dire qu’elle était encore et toujours là, qu’elle ne s’en irait jamais… Elle avait cru que ses « rêves » avaient cessés, avec le temps elle gagnait dans le contrôle de ceux-ci, et elle s’était presque mise à espérer que cet épisode était derrière elle… Douce illusion

Et puis elle arriva à la Capitale… Un tout autre monde lorsque l’on avait côtoyé l’autre versant du décor… Le luxe et l’opulence sont omniprésents qu’importe l’endroit où votre regard pouvait s’arrêter, aussi attractif que dangereux… Surtout lorsque vous aviez l’audace de crier plus fort que les autres et de ne prendre la peine de réfléchir à vos paroles. C’était dérangeant ? C’était encore plus amusant ! Mal pour un bien c’est comme ça qu’elle se fit remarquer par la gérante de l’auberge recueillant le meilleur service de fille de joie de la capitale, là-bas on prend soin de son gagne-pain, et même si chacune doit reverser une part de son bénéfice, il sert simplement à payer sa chambre, les boissons étant à la charge du client bien évidement… Lorsqu’elle avait vu le caractère volcanique de Ruby, elle s’était quelque peu retrouvée et elle lui avait surtout évité des ennuis en venant l’extirper d’une confrontation dont elle serait sans nul doute sortie vainqueur mais avec une vengeance salée derrière… « La franchise ici est une carte à utiliser avec modération » « Sous prétexte qu’ils ont un minimum de pouvoir il faudrait leur lécher tout le corps et gratuitement en plus ? Autant se clouer le pied par terre ! » « Il y a bien d’autres moyens de dire ce que l’on pense sans le faire de front… Laisse-moi te montrer… »… Au départ elle n’était qu’une simple observatrice, justifiant sa chambre en tenant les comptes tout simplement, faisant quelques tâches ménagères. Le jour où elle se décida à sauter le pas fut le jour où elle vit une des filles ramener un collier fait d’or et de pierres précieuses, elle pouvait gagner de quoi mettre son père et elle définitivement à l’abri.

Il pourrait ne plus travailler, profiter tranquillement de la maison et s’adonner au jardinage comme il aimait tant le faire. Les premières fois elle se demandait qu’est-ce qu’elle foutait là et qu’est-ce qu’elle faisait là, et puis peu à peu l’habitude pris le dessus bercé par les cadeaux qu’elle recevait, et puis l’avantage de son métier, c’était que l’on pouvait tout se permettre après tout vous n’étiez qu’une fille de joie ! Certes elle n’était que ça, mais c’était elle que l’on venait voir pour trouver du réconfort alors que sa femme frigide ne daignait pas adresser la moindre chaleur, c’était donc à elle qu’on offrait les bijoux et autre pour certains… Elle note dans un carnet tous ses clients, reportant parfois dessus les quelques confidences tirés après un soupir, tout est toujours bon à garder… Si on lui a bien appris une chose c’est qu’il faut toujours avoir de quoi négocier pour se sortir de n’importe quelle situation, tout est bon quand on a un moyen de pression… Bien que le simple fait d’aller voir leurs bonnes femmes suffiraient à leur faire vivre un enfer de damnation éternelle… Quelques annotations figure aussi sur certaines « images » qui s’imposent à elle, toujours dans les moments les plus propices bien évidement, comme pour lui rappeler le mal à l’intérieur, comme pour lui signifier qu’il est encore et toujours là… Mais elle a trouvé une parade qui marche à coup sûr… L’alcool ! Lorsqu’elle boit à être totalement abrutie par l’alcool elle fait des nuits sans rêves et toute image devient flou et s’efface bien avant de n’arriver à sa conscience, le meilleur somnifère qu’elle ait concocté jusque-là et qui surtout à l’air de durer dans le temps…

« Alors la Capitale ? » Ruby s’installa au bar regardant Jake « Fatigante comme ville ! », il lui servit un verre qu’elle avala aussi sec « T’as trouvé un travail ? », faisant tourner son verre entre ses doigts, un fin sourire sur les lèvres, si jamais son père apprenait ce qu’elle faisait, d’où venait l’argent qu’elle lui ramène chaque mois... Il la pendrait eux ou trois fois, avant de la lapider pour finir par la brûler vive histoire d’être sûr qu’elle ait compris la leçon…. Et que dire de la réputation… Son village n’avait pas les mœurs aussi légères que là-bas. « Oui, je fais la comptabilité dans une auberge, rien de bien transcendant mais ça paye plutôt bien ! Je fais le service de temps à autre, les pourboires sont plus qu’intéressants ! ». En soi elle ne mentait pas, elle continuait à faire la comptabilité et elle faisait le service… Une sorte de service… Du moins elle offrait ses services… Mais il y avait service dedans ! Son rituel mensuel, venir quelques jours voir son père, se ressourcer chez elle, puiser la force dont elle avait besoin ici. C’est à ce moment-là qu’elle comprit pourquoi son père voulait qu’elle parte, pour que lorsqu’elle revienne elle puise sa force de son passé, des souvenirs heureux de sa mère et qu’elle ne reste pas centré sur sa mort… Elle n’était jamais aussi pétillante, hyperactive et productive que lorsqu’elle rentrait de chez elle, elle était imbattable au jeu de dérober les affaires personnels des passants sans qu’ils ne s’en rendent compte. « Je vous ai vu ! Quelle magnifique réputation vous faites à l’auberge…» « Prouvez-le… » « Montrez-moi vos mains… » Offrant ses paumes ouvertes recouvertes seulement de ses gants « Pour regarder dans mon décolleté il faudra payer… » Susurra t’elle avec un léger sourire provocateur « Qui devrais-je demander ? » « Jolene… ».

.