J'étais loin d'avoir passé la meilleure journée du monde. Mon chat m'a fait des misères, j'ais malencontreusement démolis mon balais volant en tenant pour la éniéme fois de réussir une potion -par chance, ma baguette à survécu, ils n'avaient plus le pain que je voulais à la boulangerie et le teinturier a égaré mon costume de soirée. J'avais donc du parcourir les rues de la Capitale en quête d'une tenue convenable pour ce gala mondain auquel j'avais été convié.

Gala auquel j'avais été sur de m'ennuyer dès l'instant ou l'on m'avait fait comprendre que ma présence était fortement souhaitée. Je ne suis pas très à l'aise avec les us et coutumes de la haute. On pourrait croire le contraire mais ce n'est pas pour ce genre d'événement que j'ais voulu percé dans mon domaine.

J'avais donc commencé la soirée doucement, en naviguant de table en table comme un condamné à mort se rends au billot. Les chorégraphies sofitiquées de la bienséance aristocratique -si elle n'étaient pas toujours un peu floues- m'étaient insupportable. Mais j'avais besoin de fonds pour mes projets et plusieurs gros bonnets de la société étaient présent.

Je pris donc mon courage à deux mains et m'en allait lécher quelques culs pour pouvoir continuer mes recherches. Ce n'étais pas agréable mais cela devait être fait. Après quelques minutes j'en avais tout de même plus que ma claque. Je partis donc en quête de rafraichissements. L'un des bon points de ce genre de soirée étant que la nourriture y est toujours exellente, je n'allais tout de même pas me priver.

Avant de pouvoir me nourrir, je du néanmoins traverser un océan de "Natanael ! Justement le sorcier que je voulais voir! ", de "Saviez vous que j'ai récemment fait l'aquisition de ma cinquiéme résidence de vacance? " et de "Seriez vous disponible pour une série d'enchantement décoratif dans ma demeure à Shadedplain?". C'est donc avec un plaisir non fin que je pris place à une table pour manger un morceau.

Mais cette petite distraction ne dura pas assez longtemps à mon goût et je me retrouvais bien vite à érrer à nouveau entre les membres de la haute aristocratie. Je scrutais la foule, éspérant y apercevoir mon jeune frére mais je savais bien qu'il y avait peu de chance qu'il aie été invité. Sinon je n'aurais entendu parler que de ça ces derniers jours... Je poussais un soupir de fin du monde avant de repérer dans la masse l'un de mes collégue et ami.

Alexander était adossé à un mur avec un verre et regardait la salle avec un air... Prédateur? Moqueur? A cette distance j'avoue que je ne serais dire mais l'un comme l'autre ne m'aurait pas étonné de la part du génial inventeur. Je fendis donc la foule dans sa direction, serrant quelques mains et effectuants quelques courbettes au passage.

Lorsque je parvins enfin à sa hauteur, moi même un verre à la main, je m'adossais à coté de lui en silence. La présence d'une tierce personne donnerait l'impression que j'étais occupé et m'offrirais un rempart face aux aristocrates avide d'enchantement art déco. Je souris alors que les premières notes de musiques retentirent. La haute allait danser. J'adorais ce moment, il était tellement riche de ridicule...

Les invités commencèrent à se présenter sur la piste de danse mais l'un en particulier attira mon attention. Il portait un masque à plume rouge du plus bel effet. Sa coupe tarabiscotée finissait de le rendre ridicule. Je donnais un coup de coude au comparse à mes cotés et lui désignait le jeune coq en ricanant. “T'as vu celui là? Tu pense qu'il lui faut combien de sortilèges pour faire tenir tout ça en place? “

Mmmmh… Les joies de l’expansion de ses richesses personnelles face à d’autres idiots richissimes aussi nombrilistes les uns que les autres. Cela avait toujours un goût assez savoureux à observer. Parades de paons, les salles de réceptions se coloraient à chaque fois des couleurs et tendances du moment. Je ne cracherais pas sur la noblesse et le confort de vie. Étant moi-même noble, je suis habitué à mon petit confort. Cependant je ne vais pas dans telles exubérances. Ma demeure est modeste vis-à-vis de ma condition, je ne dépense pas des sommes extravagantes en art déco ni en voyage couteux à travers tous Owlsbreathe.

Ces soirées, je suis habitué à m’y rendre depuis tout jeune. Pirouettes sophistiquées et pas de danse complexes, je connais. Je connais même très bien. Seulement, il faut croire que je suis toujours le même adolescent rebelle en lutte contre son paternel parce que je m’ennuie toujours autant à ces soirées. Je me penchai et gratouillais le crâne de Compas, mon fléreur. Ce dernier se frotta à ma jambes avant de quitter la pièce en quelques bonds et atterrir sur mon lit.

Tandis que l’animal se roulait dans mes draps, visiblement joueur, je le suivis dans ma chambre pour vérifier une dernière fois que tout allait bien avec ma tenue. C’est qu’il faut conserver son étiquette. Si je n’avais pas ce poste de chef de projet, je ne serais sans doute pas convié à ce genre de soirées aussi souvent. Seulement, les choses sont ce qu’elles sont et je suis bien obligé de faire ce petit sacrifice. Une chance que j’aime mon job.

Comme à l’accoutumé, je me fis conduire. Rien de tape à l’œil, pas la dernière invention en date ni le dernier design à la mode. Quelque chose de simple. Mon chauffeur m’ouvrit la portière. En passant à côté de lui, je ne pus m’empêcher de lui pincer la fesse. Que voulez-vous, on ne se refait pas… Une fois sur place, je ne fus pas vraiment étonné par la taille démesurée de la salle ni par le nombre de nobles, aristocrates et autres invités de marques qui pullulaient dans cet espace démesurément grand. Ils arrivaient presque à donner l’impression que cette immense pièce était au moins deux fois plus petite.

Et c’était parti pour une longue soirée… Grace à mon expérience dans le domaine, je sais comment esquiver au mieux les personnes inintéressantes. Commença alors un petit balai personnel d’amuse-bouche, de demi-tour calculés, de sourires enjôleurs et de « Aaah ! Madame/Mademoiselle/Monsieur Machin ! Quel plaisir de vous revoir ! Que pensez-vous de…. ». Le maître mot : éviter les emmerdeurs et ne pas parler de sujets importants. On allait dans ces soirées pour se montrer et garder contact, pas pour parler du dernier projet sur lequel on bosse. Certains travaillent dans ces soirées mais pas moi. Il m’arrive de chercher un ou deux financements mais sans plus.

Alors que j’avais commencé une courbe savante au sein de la foule pour éviter un gros groupe d’emmerdeurs, je me retrouvais face à face avec ma bête noire des soirées du genre ; celui qui te traque toute la soirée, à qui il est impossible de se soustraire tellement il parle, le mec qui se pavane avec toute sa garde-robe sur lui, celui qui n’est pas drôle et qui est de mauvaise compagnie. Pour l’éviter, je n’eux donc aucun autre choix que de monter sur la piste de danse, entrainant avec moi une demoiselle que je ne connaissais pas. Elle était dans une charmante robe rouge longue mettant à la perfection en valeur certains de ces… arguments. Tout sourire et charmant, je la fis danser, nous intégrant aux danseurs actuels.

Une fois cette dernière terminée, je laissai la jeune blonde rougissante et gloussante s’en aller dans la foule. Ce n’était pas vraiment le genre de personne que je souhaitais trouver dans mon lit ce soir et elle n’avait été qu’une simple distraction. Décidant de me retirer un peu de la foule, j’attrapai un verre auprès d’un serveur, me fourrai deux ou trois amuse-bouche dans la gueule et allait m’isoler, m’adossant à un mur choisit méthodiquement.

J’y passai un instant à observer les danseurs, cherchant ma proie du jour. Idéalement quelqu’un de moins haut placé que moi et si possible sans avenir, ça évite les ennuis. Quoi que coucher avec des gens influents peut aider mais seulement si eux non plus ne recherche rien de sérieux en terme de relation. Il y eut bien une ou deux jeune filles qui attirèrent mon regard, ainsi que deux ou trois jeunes hommes mais rien de bien convainquant pour le moment.

J’étais en train de me demander si je n’allais pas plutôt choisir de rester seul cette nuit quand Natanael, mon collègue vint s’adosser à mes côtés. Je ne réagis pas, me contentant de continuer mon activité de chasse passive. Je sais à quel point l’enchanteur déteste se retrouver dans ce genre de situation. Je pris donc la décision de le laisser souffler un peu et de le laisser lancer la conversation quand bon lui semble. De toute manière ce n’est pas comme si le silence nous gênait. « T'as vu celui-là? Tu penses qu'il lui faut combien de sortilèges pour faire tenir tout ça en place? » Du regard, je suivis son indication. Un léger sourire me monta aux lèvres tandis que je désignai à mon tour une personne. « Joli. Mais j’ai beaucoup mieux en stock. Regarde cette vieille femme. » De toute évidence, la vieille lady avait du mal à oublier que ses beaux jours étaient fini, dévoilant un accoutrement qui aurait pu être plaisant, si il n’était pas porté par une personne de son âge. La peau ridée était beaucoup trop à nu, ses boucles d’oreilles semblaient peser dix kilo chacune au vu de la manière dont elles tiraient ses oreilles vers le sol. Elle était maquillée à outrance et sa coiffure complexe était de toute évidence maintenue par un quelconque sortilège ou enchantement.

Mon regard se perdit assez rapidement dans la foule. Je bus une gorgée de vin. « J’ai été abordé par 6 lourdauds pour le moment. J’ai été obligé de danser pour en éviter un. Et toi ? C’est quoi ton score ? » Laissez-moi vous expliquer. Natanael et moi avons un petit jeu tout simple lors de ces soirées. Celui qui arrive à éviter le plus d’emmerdeurs. Autant vous dire que les seuls fois où le sorcier a gagné, j’étais bien imbibé d’alcool.  Je bus une nouvelle gorgée de mon vin tandis que je vis la chef d’un autre service du DAT. Je la désignai à mon collègue. « Annuler ses enchantements vestimentaires et capillaires » Ca, c’était un autre de nos jeux stupides mais qui permettaient de s’occuper. On se lançait un à un des défis pour foutre en l’air la soirée de quelques invités de manière discrète. Le but étant de faire ça discrètement, sans se faire voir ou que ça ait l’air involontaire. Pour la première fois de la soirée, je tournai le regard vers Natanael, attendant sa réponse.

Je suivis du regard la direction que m'indiquait mon collègue et souris à nouveau en voyant la vieille femme qui se raccrochait de toute évidence à sa jeunesse perdue. S'en était presque triste mais le cas était pourtant courant. « Pas mal Mac Talen mais malheureusement pour toi ce genre de spécimen est plutôt répandu. Elle me fait penser à ma vieille tante... » Le silence retomba à nouveau alors que nous scrutions la foule en quête d'une nouvelle atrocité visuelle. J'avais aperçus plus tôt un nobliaux bariolé, un spécimen fantastique, mais je n'arrivais plus à mettre la main dessus. Je fronçais les yeux d'agacement.

Je profitais de la tranquillité que m'offrait la présence de l'Humain à mes cotés en sirotant mon verre alors que mon regard parcourait toujours la foule à la recherche de mon hurluberlu multicolore. « J’ai été abordé par 6 lourdauds pour le moment. J’ai été obligé de danser pour en éviter un. Et toi ? C’est quoi ton score ? » Je grimaçais. La fête avait commencé depuis plus d'une heure ! Comment diable faisait-il pour être aussi tranquille ? Il faudrait que je me penche avec plus d'attention sur les sortilèges d'invisibilité si je voulais pouvoir le battre un jour. Ou bien je pourrais le saouler pour l'emporter ce soir. Je lui envoyais un regard en coin, jetant un œil innocent à son verre presque vide. « Arg, je crains que tu ne l'emporte aujourd'hui encore. En même temps, c'est pas juste comme défi. T'as grandis dans cet univers. Et puis je ne savais même pas que tu serais là ce soir, j'ai pas fais particulièrement gaffe. Puis tu sais, l'argent doit bien rentrer d'une façon ou d'une autre. Les recherches ça coûte cher mine de rien. »

Je poussais un soupir de fin du monde en constatant que mon verre était vide. Je parcourais à nouveau l'immense salle des yeux à la recherche d'un serveur dans notre secteur. J'en détectais un ou deux mais chacun impliquaient un serrage de main et les banalités de rigueur. Et toujours pas de trace de mon original... « Annuler ses enchantements vestimentaires et capillaires » Je suivis avec attention la direction que m'indiquait l'inventeur. Les choses sérieuses commençaient. Peut-être trouverais je finalement un intérêt à la soirée. Je haussais un sourcil en découvrant que la cible était un collègue d'Alex puis haussais les épaules. Après tout, pourquoi pas. Mais il allait falloir la jouer fine celle là.

J'offris un clin d’œil à mon comparse et fis glisser ma baguette dans ma manche -je choisis toujours des costumes avec des manches un peu trop longues pour pouvoir utiliser discrètement ma baguette. De ma place, je lançais un sort de détection pour établir quels étaient les enchantements qu'arboraient la directrice. Je hochais la tête d'un air satisfait et m'avançais dans la foule. J'en profiterais bien pour ramasser un nouveau verre tiens.

Je m'approchais du serveur près de la femme ciblé. « Dites moi mon brave, pouvez vous apporter un verre de votre meilleur vin à la demoiselle là bas ? » Je désignais ma cible avant de désigner Alexander. « Dites lui bien que ça viens de ce jeune homme. » Pour être sur qu'il obtempère, je lui glissais un argent d'un air malicieux avant de le délester d'un verre de vin. J'observais d'une distance respectable le serveur apporter le verre à la jeune femme. Dès lors que l'attention des gens alentour fut détourné j'agitais ma baguette en marmonnant mon sortilège et la jeune femme se retrouva démunie de ton son apparat magique.

Je remontais le courant des gens se précipitant pour admirer le spectacle d'une des puissante directrice du DAT dans l’embarras. Arrivé à la hauteur de mon ami Humain, je lui claquais la main en signe de congratulation à ma réussite. « Je sais pas ce que cette collègue a bien pu te faire subir pour que ce soit elle que tu choisisse entre toutes mais ta vengeance est faite mon cher ami. » Je lui souris d'un air avide. « Maintenant c'est mon tour Alexander. » Je me tournais vers la salle, portant mon tout nouveau verre de vin à mes lèvre. Mes yeux brillèrent d'amusement alors que je tentais d'établir un défi tordu et compliquer à proposer à l'Humain.

Les choix étaient multiples. Il y avait un millions de façon de pourrir discrètement la soirée de quelques invités. Mais j'essayais de trouver un défi que ni lui ni moi n'avions déjà eu à relevé. Comme nous avons déjà arpenté tout un tas de réunion de ce genre ce n'étais pas forcément chose aisée. Je trouvais finalement ma victime.Je pointais du doigt le baron respecté que j'avais choisis. Il était entre autre réputé pour sa vertu sans faille mais c'était enfin décidé à se montrer accompagné aujourd'hui. « Faire en sorte que sa copine lui tape un scandale. » Je voyais déjà les yeux de mon comparse briller, je m'empressais alors que rajouter. « Sans utiliser tes charmes bien sur. »

Je ricanais en voyant l'air soudain déçu de l'Humain. J’espérais juste que ça ne me retomberais pas dessus plus tard dans la soirée. J'avais jusqu'alors été épargné de remarque de la part de mon ami. Je savais cependant que cela n'allait sans doute pas tarder à arriver. Sauf peut-être si il n'étais vraiment pas dans cet état d'esprit. Ce qui m'arrangerait plutôt.

En silence, j’observai mon collègue et ami s’enfoncer dans la foule. Un sourire en coin naquit sur mon visage sans que je ne puisse rien y faire. Pour commencer, je n’avais pas choisi un défi trop complexe. On avait encore toute la soirée pour faire les pires bêtises qu’on puisse imaginer. Je fis un clin d’œil au serveur lorsque Natanael me pointa du doigt. D’aussi loin je ne suis pas bien sûr mais j’aurai juré voir les joues de l’homme se colorer légèrement. Mon rictus se transforma en grand sourire. J’aimais cette sensation de mettre mes interlocuteurs dans ce genre d’états. J’avais élevé chaque clin d’œil au stade de la science. Charmer pour obtenir ce que l’on veut. Je ne dis pas que je suis infaillible. Comme tout le monde, j’ai essuyé beaucoup d’échec et encore aujourd’hui cela m’arrive. On a beau être aussi charmeur et agréable qu’on le veut, certaines personnes ne recherchent tout simplement pas ce genre de relations. J’étais tellement captivé par l’évolution de mon collègue dans la foule que j’en oubliais presque mon vin. Ce ne sera pas dur pour lui de faire fondre les enchantements comme neige au soleil. Le verre « offert » arriva enfin à destination. La jeune femme se tourna vers moi. Elle chercha un peu dans la foule avant de me trouver du regard. Je levai mon verre, un grand sourire hypocrite aux lèvres. La femme sembla perplexe un instant mais elle finit par accepter le verre. Il n’y a pas si longtemps que cela, nous avions eu un assez violent désaccord quant à un projet. Il aurait pu convenir à nos deux équipes. On s’était battu pour la légitimité du « qui va le prendre à sa charge », elle avait fini par gagner. Mon sourire s’agrandit quand je remarquais mon complice de la soirée derrière elle. Il ne fallut pas attendre plus de quelques secondes pour voir tous l’apparat magique couler, disparaitre tout simplement. Ornements et fantaisies tombèrent au sol. L’espace d’un instant, je regrettai le monde, la distance et la musique. J’aurais aimé savourer les « POC POC » des accessoires tombant sur le sol. Sa coiffure jusque-là complexe et élégante sans pour autant être surchargée s’effondra sur elle-même. Ce fut trop pour moi, je me laissai aller à mon fou rire tandis que ma collègue rougissait furieusement, essayant de ramasser les objets maintenant dispersés sur le sol. Lorsqu’elle se rendit compte qu’une bonne partie de l’attention de la salle était braquée sur elle, elle me lança un regard noir que je vis à peine dans mon fou rire avant de tout abandonner là, tournant les talons vers la sortie. J’étais en train de me calmer lorsque Natanael arriva enfin à nouveau à ma hauteur. Je levai la main, claquant celle de l’enchanteur. « Je sais pas ce que cette collègue a bien pu te faire subir pour que ce soit elle que tu choisisse entre toutes mais ta vengeance est faite mon cher ami. » je bus une gorgée de mon vin, finissant mon verre au passage. Mon regard suivait toujours la sortie frénétique et gênée de ma collègue. Elle venait de marcher sur un pan de sa robe et venait de s’étaler sur le sol. C’était peut-être cruel de ma part de lui faire vivre ça mais je tenais beaucoup au projet qu’elle m’avait volé. « Elle m’a volé un projet auquel je tenais beaucoup. Elle l’a obtenu seulement à cause de… tu sais quoi. Mon équipe n’aurait pas pu mener les deux projets de fronts. » Je déposai le verre maintenant vide sur un plateau qui passait par là. Le monde commençait à se rapprocher de nous. Par chance, ils convergeaient tous vers la sortie, essayant de voir l’état de ma chère collègue qui venait tout juste de réussir à sortir. « Maintenant c'est mon tour Alexander. » Un sourire en coin, j’observai mon partenaire de crime d’un soir observer la foule, à la recherche de la cible parfaite. « Faire en sorte que sa copine lui tape un scandale. » Mon sourire s’agrandit. Ça, ça allait être un défi rapidement plié. Malheureusement pour moi, Natanael brisa vite l’idée qui venait de germer en moi. « Sans utiliser tes charmes bien sûr. » Je lançai un regard plus sombre à l’enchanteur. Je lui avais permis d’utiliser la magie moi. C’est pas du jeu de me priver de ma meilleure arme.

J’observai un instant l’homme. Ca tête me disait quelque chose et à raison. Lorsque je mis enfin le doigt sur son nom, ce fut pour me rappeler que je trouvais l’homme d’un désintérêt total et ce depuis longtemps. Vertueux en tout point, fait attention à ses dépenses, baron apprécié. D’un banal. A ma connaissance, aucun vice. On en a tous, ça c’est une chose avérée mais le baron les cachait bien. Je poussai un long soupire avant de me lancer dans la foule, réfléchissant à mon plan d’attaque. Un scandale, pas de charme. Je pensai un instant à la fausse fiancée mais cela nécessiterait d’user de mes charmes sur au moins une personne. Je décidai donc de risquer le tout pour le tout. Je retirai l’un des anneaux en or sans trop de valeur qui m’accompagnaient toujours dans ce genre d’évènements. Pas trop loin de ma cible, je cherchai un serveur ou une serveuse. Je fini par tomber sur une elfe qui avait l’air d’avoir du mal à tenir son boulot d’hôte accueillante. Je me désintéressai d’elle. Elle n’allait sans doute pas accepter. Je trouvai enfin un jeune homme, le plateau à la main. Je m’approchai, esquivant au passage une discussion emmerdante. Lorsque j’arrivai enfin près de l’homme, je profitai d’avoir Natanael dans le dos pour lui offrir un charmant sourire. Le jeune homme était de mon goût. Dommage que je ne lui parle pas pour ça. Je lui montrai la bague, prenant un air légèrement ennuyé « Un ami à moi aimerait demander sa petite amie en mariage ce soir. Ça vous dérangerait de glisser cette bague dans un verre et de la lui apporter de sa part ? » Le serveur accepta. Ce genre d’exubérances se faisait souvent dans ce genre de soirée. C’était une raison de plus de faire la fête. Je lui montrai donc le baron. Seulement au lieu de lui montrer la blonde qui était bel et bien sa copine du moment, je lui demandai d’offrir le verre avec la bague à la brune plantureuse qui discutait avec eux. Je lui dis une dernière fois d’insister sur le fait que cela venait du baron et je m’enfonçai à nouveau dans la foule, choisissant volontairement les zones les plus peuplées pour me perdre dedans. Ne pas être retrouvé dans l’immédiat était important. Je mimai la masse quand les cris indignés commencèrent à monter au-dessus du vacarme assourdissant. Ça avait marché. Je n’avais donc pas sacrifié ma bague pour rien. Je reportai mon attention sur l’enchanteur, lui faisant un clin d’œil au passage. Une fois à nouveau à sa hauteur, je lui fis un léger signe de tête. « Suis-moi. » Et je longeai les murs en direction d’un escalier que je connais bien. Je connais cette salle pour y avoir passé pas mal de temps. J’attrapai un verre auprès d’un serveur. Il se retourna, voulant apparemment me dire quelque chose. Je l’ignorai, m’intéressant exclusivement à ma discussion avec l’enchanteur. « Je connais un endroit où on sera un peu plus au calme » Lorsqu’on arriva près des escaliers, ce fut pour constater sans grande surprise qu’ils étaient gardés. « Il y a un petit musée là-haut. Ils ne l’ouvrent que lorsque les soirées n’impliquent pas autant de monde et d’alcool qu’aujourd’hui. Il faut juste arriver à y entrer. Une idée ? » C’était plus fort que moi, lorsque je croisais Natanael dans ce genre de soirée, je finissais toujours par me comporter comme un gosse, faisant un maximum de bêtises en tout genre. C’est idiot mais c’est le seul moyen que nous avions trouvés pour vraiment apprécier ce genre de soirée. Ne pas prendre la chose au sérieux la rends plus agréable à vivre.